Le Pin Galant en pleine mutation

Invité de C6 Radio ce matin, Philippe Prost, directeur du Pin Galant, a dressé un tableau contrasté : Changement de main pour le Pin Galant...Si la salle mérignacaise a pleinement retrouvé sa dynamique, le monde culturel français, lui, traverse une période de fragilité profonde.

Le Pin Galant en pleine mutation

Philippe Prost rappelle une donnée clé : le Pin Galant se porte très bien depuis deux ans, retrouvant son niveau d’activité d’avant la pandémie. La crise sanitaire reste toutefois un marqueur : le Covid a été la seule période en 36 ans où l’établissement a perdu de l’argent, un déficit jamais enregistré auparavant. Mais le public est revenu rapidement, les salles se remplissent de nouveau et l’activité artistique est revenue à 100 %. « On est reparti de plus belle », résume Philippe Prost. Ce rebond local contraste avec la situation nationale. Le monde culturel français demeure fortement sous pression. « On aurait perdu l’année dernière 1 200 représentations en France », alerte le directeur, en raison d’un ralentissement des financements publics, en particulier au niveau communal — « les plus grands pourvoyeurs de fonds pour la culture ». Résultat : moins de spectacles, moins d’intermittents mobilisés, moins d’activité sur l’ensemble du territoire. À cette contraction budgétaire s’ajoute une inflation généralisée : transports, hôtels, restauration, matériel, droits techniques. Organiser un spectacle coûte bien plus cher qu’il y a quelques années. « C’est un vrai Rubik’s Cube », dit-il, rappelant que le Pin Galant doit gérer un budget artistique de 3 millions d’euros pour 85 spectacles et plus de 110 représentations.

Un des cinq plus grands théâtres de France

Dans ce contexte difficile, le Pin Galant conserve une stature forte : il fait partie des cinq plus grands théâtres français. Les propositions affluent et Philippe Prost visionne environ 200 spectacles par an pour maintenir une programmation plurielle : théâtre, danse — sa spécialité historique — cirque contemporain, jeune public, magie, concerts ou opéra.

Certaines créations nécessitent des moyens considérables, comme la venue de Benjamin Millepied pour Roméo et Juliette, avec six jours de montage. « Le résultat était magnifique. »

Un changement de gestion qui rebat les cartes

Cet été, la salle a changé de main : après 36 ans sous Mérignac Gestion Équipement, elle est désormais gérée par S-PASS (Fimalac). Philippe Prost précise que des bénéfices étaient déjà réalisés avant S-PASS, partagés pour moitié avec la ville et pour moitié réinvestis. Désormais, les bénéfices remontent intégralement vers la société mère.

Côté public, la programmation ne change pas. Mais une évolution tarifaire arrive : fin des tarifs uniques, création de catégories selon les zones de la salle, avec des places plus accessibles en haut et plus élevées dans le cœur de salle. Le basculement génère en interne une charge de travail considérable : fermeture comptable de l’ancienne structure, nouveaux outils, nouveaux process, double gestion temporaire. « Une surcharge extrêmement importante », admet le directeur, évoquant un « problème de transition ».

Investissements et modernisation

S-PASS a prévu 1,5 million d’euros d’investissements : nouvelle façade acoustique (430 000 €), conversion LED du parc lumière, modernisation numérique, billetterie revue. Le tout concentré dès la première année pour un impact immédiat.

Un virage renforcé vers le jeune public

Le Pin Galant accentue enfin sa politique de médiation culturelle. Un nouveau festival destiné aux enfants, aux scolaires et aux centres sociaux se tiendra autour des vacances d’avril, avec ateliers, bords de scène et rencontres artistiques. Un musée virtuel est également en préparation pour ouvrir plus largement le lieu au-delà des spectacles.