Municipales, circulation, logement : au Haillan, Andréa Kiss trace ses lignes de fracture
Invitée de C6 Radio, la maire du Haillan, Andréa Kiss, a livré une analyse dense des enjeux locaux : mobilités saturées, pression immobilière, finances contraintes, évolution des comportements citoyens et vitalité économique. Mais derrière ces dossiers, un autre sujet occupe une place centrale : la campagne municipale et la confrontation avec deux adversaires qu’elle juge déconnectés du terrain.
Circulation : un réseau construit pour Bordeaux, insuffisant pour la périphérie
Andréa Kiss décrit un territoire pénalisé par des infrastructures historiquement pensées pour rejoindre Bordeaux plutôt que pour relier les communes périphériques entre elles. La Liane 39 a amélioré la situation, mais reste trop peu fréquente en heure de pointe.
Elle insiste sur l’importance du changement de pratiques : « Il suffit qu’un automobiliste sur dix change de mode de transport pour réduire de moitié la congestion. »
Elle note aussi une dégradation de la cohabitation entre usagers : “On a un peu perdu le respect mutuel.”
Logement : un marché inaccessible et un foncier contraint
La maire rappelle qu’il est devenu très difficile de trouver un logement en dessous de 400 000 € au Haillan. Près d’un tiers du territoire est inconstructible, du fait du couloir de bruit de l’aéroport.
Elle souligne également un phénomène qui pèse sur le marché : les séparations et les gardes alternées, qui conduisent à devoir fournir deux logements pour une même famille.
Économie : un écosystème dynamique et innovant
La levée de fonds de 21 millions d’euros réalisée par la start-up HyPrSpace illustre, selon Andréa Kiss, la vitalité économique du territoire.
En tant que présidente de Bordeaux Technowest, elle rappelle le rôle déterminant de l’incubateur pour permettre aux jeunes entreprises de se développer puis de s’implanter durablement sur la commune.
Budget : une équation de plus en plus difficile
Le Haillan ne touche plus aucune dotation de fonctionnement depuis trois ans.
Depuis 2014, la perte cumulée atteint 10 millions d’euros.
Les réformes fiscales réduisent aussi les recettes liées aux entreprises. Conséquence : des besoins en hausse, des ressources en baisse.
Changements de mentalités : un individualisme croissant
Pour Andréa Kiss, les tensions observées sur la route ou dans l’espace public reflètent un phénomène profond : « L’individualisme galopant. Mon trottoir, ma voiture, mon mode de déplacement. »
Elle affirme que l’action municipale doit contribuer à “reconstruire du collectif”, malgré la difficulté de la tâche.
La maire insiste sur l’importance du rôle des élus locaux :
« Si nous, politiques, renonçons à porter des valeurs et des projets, qui va le faire ? »
Elle rappelle que les administrés se tournent d’abord vers la mairie en cas de difficulté, bénéficiant d’un accueil “inconditionnel”.
Élections municipales : Andréa Kiss assume sa candidature et cible des adversaires “parachutés”
Elle confirme sa candidature pour un nouveau mandat, souhaitant achever les projets en cours et refusant de “quitter le navire dans la difficulté”.
Deux adversaires sont en lice :
• l’ancien député Éric Poulliat ;
• Xavier Camps.
Andréa Kiss relève un paradoxe : leurs critiques décrivent une commune en déclin, mais deux candidats extérieurs souhaitent s’y présenter.
Elle pointe leur manque d’ancrage : des “parachutés”, mus selon elle par des “ambitions personnelles”.
Elle oppose à ces candidatures extérieures son bilan, une équipe enracinée et des décisions qu’elle qualifie de “courageuses”.
Éclairage public : innovation et maîtrise des coûts
La commune déploie un système d’éclairage nocturne à la demande via smartphone, permettant d’activer progressivement l’éclairage sur son trajet.
Un compromis permettant de renforcer le sentiment de sécurité tout en limitant les dépenses — 15 000 € pour une heure d’éclairage — et les impacts environnementaux.