Pour commencer, un symbole qui fait réagir : la disparition de l’appellation « Aéroport de Bordeaux–Mérignac , désormais remplacée par Bordeaux Aéroport. Beaucoup d’habitants y voient une forme d’effacement. Thierry Trijoulet relativise : « Mérignac ne disparaît pas. C’est un très très très vieux débat. »
Il rappelle surtout le rôle fondateur de la commune : « L’aéronautique a commencé ici en 1910 », un héritage qui, selon lui, reste pleinement identifié malgré le changement de nom, décidé pour renforcer le rayonnement international.
Le maire a ensuite détaillé le projet de testeur de moteurs de fusée, qui suscite interrogations et inquiétudes. Il s’agit d’une start-up issue de l’incubateur Cockpit, à Mérignac, qui s’apprête à franchir une nouvelle étape industrielle. Le projet se déploie en deux volets : une implantation principale au Haillan, où une enquête publique va être lancée, et un site de tests situé directement sur l’emprise aéroportuaire, dans des hangars existants. Autrement dit, les essais ne seront pas réalisés en plein air, mais dans des installations confinées, sécurisées et adaptées.
Thierry Trijoulet précise : « Un test de fusée, ça peut faire beaucoup de bruit. Mais toutes les conditions seront posées pour éviter les nuisances. » Il assure que les collectivités ne valideront le projet que si toutes les garanties techniques, sonores et environnementales sont réunies. Il dénonce également une « utilisation démagogique » du sujet par certains, alors que les nuisances réelles sont, selon lui, bien moins problématiques que celles générées par l'aéroport lui-même.
Sur les nuisances aériennes, et notamment la sécante, il rappelle que « c’est l’État qui a la main ». Le préfet a transmis sa feuille de route et des efforts supplémentaires sont attendus des compagnies aériennes pour privilégier les avions les moins bruyants.
La question de l’emploi occupe une place majeure. La filière aéronautique et spatiale fait face à 2500 postes vacants, un chiffre qui inquiète l’élu. Il mise sur le projet Tarmaq pour susciter des vocations locales : « Ce ne sont pas forcément des métiers qui nécessitent un bac +4 ou +5. Beaucoup de métiers techniques sont accessibles avec la bonne formation », insiste-t-il.
Sur sa succession à Alain Anziani, Thierry Trijoulet assume un passage de témoin naturel : « J’ai travaillé auprès d'Alain Anziani pendant deux mandats. Je ne suis pas surpris par les dossiers. » Il concède néanmoins « un costume particulier » à porter après deux figures politiques emblématiques.
En matière de circulation, le maire reconnaît un défi quotidien. L’attractivité de Mérignac génère d’importants flux, avec des bouchons aux heures de pointe. Thierry Trijoulet dit travailler « quasi quotidiennement » avec Bordeaux Métropole sur les aménagements, le covoiturage ou l’usage du tramway, mais rappelle la réalité des chantiers :
« Modifier une voirie, ça ne se fait pas en 48 heures. Il y a des procédures, et il faut les accepter. »
En matière d’urbanisme, Thierry Trijoulet défend la transformation de Marne Soleil en quartier mixte, mêlant logements, services et transports. Une mutation d’envergure qui, selon lui, préserve les zones pavillonnaires et attire même l’attention de plusieurs médias nationaux venus observer cette démarche « vertueuse ». Le secteur, longtemps considéré comme une simple zone commerciale, est présenté comme l’un des premiers projets européens à opérer une telle reconversion.
Côté culture, les travaux du Krakatoa avancent pour une réouverture en 2026. Le Pin Galant, en revanche, suscite plus de questions depuis la nouvelle délégation de service public confiée à un opérateur privé. Thierry Trijoulet clarifie : « La collectivité fixe les règles. »
Il insiste sur le fait que la mairie garde la main, que les tarifs et la politique culturelle restent encadrés, et que ce nouveau fonctionnement doit rapprocher la salle de son territoire, en renforçant le travail avec les centres sociaux, les centres d’animation et les associations locales.
Le sport reste une fierté locale : le Sam Football poursuit sa belle aventure en Coupe de France, le rugby se porte bien, et la jeune gymnaste Maïana Prat, championne du monde junior, incarne l’excellence individuelle.
« Le sport est ancré à Mérignac depuis les années 70 », rappelle Thierry Trijoulet.
Enfin, sur la situation nationale, il confie son inquiétude face au ralentissement économique et aux contraintes imposées aux collectivités. Les chefs d’entreprise du territoire sont préoccupés. « Demain, il serait préférable que la France ait un budget », estime le maire.