Lors de la matinale de C6radio, le maire de Saint-Médard-en-Jalles est revenu sur du sommet aéronautique et spatial qui s'est tenu à Mérignac, la tension sur l’emploi est apparue clairement. « Il y a 2500 emplois vacants dans l’ensemble de la filière », rappelle Stéphane Delpeyrat-Vincent. Pour lui, l’attractivité des métiers souffre d’un préjugé persistant :
« Il y a parfois l’idée, notamment chez les jeunes, que ce sont des métiers forcément de très très très haut niveau et que c’est inaccessible pour eux. »
Une perception fausse, insiste-t-il, puisque des entreprises comme Sabena peuvent former des mécaniciens ou des électriciens venus d’autres secteurs.
Cette inquiétude des industriels s’ajoute à un contexte international instable. Le maire souligne que « l’Europe a pris conscience avec retard qu’elle n’était plus forcément protégée par les États-Unis », ce qui impose selon lui une souveraineté renforcée et « la reconstitution d’une filière totalement autonome ».
Mais sur le terrain, la croissance de l’emploi se heurte à un système administratif qu’il juge incapable de suivre. L’ouverture de la déviation du Taillan Médoc a provoqué un « plus 38 % sur la route de Lacanau », saturant encore davantage Saint-Médard-en-Jalles et les communes voisines. Stéphane Delpeyrat-Vincent dénonce des années de blocages :
« On nous a demandé sans cesse de refaire des études, des enquêtes, des compléments. On a perdu un temps pas possible. »
Pour lui, l’enjeu dépasse la circulation : ces lenteurs affaiblissent l’attractivité du territoire.
« On ne peut plus vivre dans un pays où l’on attend sans cesse la tutelle de l’État pour faire une piste cyclable. »
Il rappelle que d’autres pays construisent infrastructures et développement économique simultanément, là où la France exige validations successives et procédures interminables. Exemple marquant : à Blanquefort, il a fallu plus de onze ans pour réaliser 200 mètres de piste cyclable.
Sur l’environnement, il note que Saint-Médard-en-Jalles a été labellisée “Capitale française de la biodiversité”, preuve de la compétence locale. « J’ai des ingénieurs, des écologues, des gens extrêmement compétents. Je n’ai pas besoin d’un comité à Paris pour me dire si tel point est possible », soutient-il, plaidant pour une autonomie décisionnelle bien plus grande au niveau local.
La crise du logement, qu’il décrit comme « sociale, économique et écologique », renforce selon lui l’urgence d’agir autrement. Avec seulement 10 000 logements neufs livrés au dernier trimestre, il accuse l’État d’absence de planification et de normes contreproductives qui « raréfient encore les possibilités foncières ».
Enfin, sa critique du pouvoir central est particulièrement tranchante. Pour le maire de Saint-Médard-en-Jalles, « une administration parisienne a quasiment fusionné avec le monde économique du CAC 40 », ce qui provoque une politique économique déconnectée des PME, des TPE et des territoires. Il estime que ce modèle hypercentralisé nourrit un profond ressentiment et contribue à la montée du vote extrême.
S’il se dit « inquiet comme tout le monde », il rappelle que le territoire regorge « de compétences, de volonté et d’énergie ». Et il conclut en réaffirmant que le véritable changement passe par un transfert massif du pouvoir vers les territoires :
« Ce qui étouffe aujourd’hui, c’est un système hyper centralisé. Les solutions, nous les avons ici. Il faut nous laisser prendre en main ces sujets. »